- http://strock pi r2 3 14159 free fr -   - Site Internet de Pierre STROCK -    - Libye 2006 -   - 15 décembre 2006 -

Accueil  Astronomie  Plan du site  Courriel  Livre d'or

Articles  Observations  Bibliothèque  Traductions  Liens

L'éclipse totale du Soleil du 29 mars 2006 en Libye

Un voyage seulement pour une éclipse ?

Un voyage pour faire de l'astronomie de jour et de l'astronomie de nuit :

Nous sommes partis dix membres du club Magnitude 78. Avec les conjoints, nous étions quatorze. Comme nous partions pour faire de l'astronomie, nous avions emporté quatre télescopes Strock-250, un Clavius-166, un ETX-90, un tas de jumelles et d'appareils photos, une planchette équatoriale et un Dobson-400! Tout est très bien passé en cabine dans les avions. Bien évidemment, seul le miroir du 400 était en cabine. La mécanique est partie en soute !

Un Strock-250 en avion et un miroir de 400mm
Un télescope Strock-250 aux rayons X de l'aéroport de Rome

Ci-dessus, un Strock-250 dans un sac à dos dans le coffre à bagage de l'avion Rome-Tripoli. Cela passe très bien ! Derrière : Le miroir de 400mm dans son sac.


Seuls les manchons et les vis des tiges de carbone des Strock-250 ont posé des problèmes aux contrôles des aéroports, et encore pas tous. La photo ci-jointe montre la radiographie X du télescope de Brigitte prise à l'aéroport de Rome : C'est totalement transparent sauf pour les vis. Celles des tiges de carbone sont un peu trop visibles...

Un mot sur l'intérêt du voyage :

Le désert mérite un détour. La surprenante esthétique des grains de sable tout ronds, l'inspirante métaphysique des espaces totalement vides, l'enivrant cahotement des 4x4 poussiéreux, la reposante quasi-absence de toute vie : Tout est dépaysement des yeux et apaisement de l'âme. Si vous avez l'occasion d'aller sur Terre, passez-y une fois, cela mérite un détour ! Pour appuyer plus concrètement mon propos : J'ai fait autant de photos en dix jours dans le désert qu'en quatre jours à Venise. Et j'ai pris presque autant de notes, de bons mots et de citations dans mon calepin. C'est intéressant le désert. Ce n'est pas que du vide. C'est une vraie destination de voyage !

Un beau morceau de sable de Libye

Je n'avais jamais fait un voyage organisé aussi éloigné de sa spécification

Le voyagiste n'avait pas bien tenu compte de nos souhaits de faire de l'astronomie de nuit !
Pourtant en lui demandant de faire passer 140 kg de matériel optique en avion, il avait des indices! Et ce n'est pas faute de palabres ni de rendez-vous non plus. Nous avions abondamment discuté avec lui en tête-à-tête.

Nous avions la nette certitude que nos demandes étaient comprises et prises en compte. Le programme semblait bien particularisé. Nous avions demandé moins de visites et nous avions clairement compris que le programme était spécialement allégé. Nous avions demandé des arrêts aux bivouacs plus tôt pour monter le matériel. Nous avions compris que le voyage se ferait sur 10 jours au lieu de 8 pour limiter le kilométrage de chaque journée. Nous nous étions enquis des possibles difficultés relationnelles pour tapage nocturne. Nous avions compris que le désert était assez grand pour ne pas se gêner. Nous avions demandé de petites grasses matinées et il nous semblait avoir des réponses verbales catégoriquement positives pour des départs moins matinaux.

Mais nous n'avons rien eu de tout cela (Voir le récapitulatif des horaires (en TU)) sauf l'espace ! Et donc nous n'avons pas pu mener à bien nos programmes d'observations et de photographies...

Et s'il n'y avait eu que cela...

Nous avons aussi fait face à moult difficultés avec les chauffeurs.

Il a fallu conduire de nuit, au compas et hors piste pour être sur la ligne de totalité au point ad oc la veille de l'éclipse. Cela ne s'est pas fait tout seul avec les véhicules qui manquent de s'ensabler et des chauffeurs qui refusent par deux fois d'attendre les plus lents du groupe au risque de les perdre dans la nuit. Nous ne l'avons pourtant pas regretté car d'autres équipes du même voyagiste ont achevé le trajet le matin de l'éclipse. Mais elles ont déjanté et ne sont arrivées sur la ligne de centralité que quelques minutes avant le début de l'éclipse...

Il a fallu menacer d'en venir aux mains pour obtenir que les chauffeurs cessent de conduire dangereusement sans nécessité. Nous avons su par la suite que les autres chauffeurs, des autres groupes du même voyagiste, conduisaient sagement sur les pistes et en convoi. Pas de chance: Pas les nôtres !

Quelques exemples de l'ambiance

Il a fallu démontrer le théorème de Pythagore à un enthousiaste intermédiaire qui nous fit faire 100 km droit vers le sud en prétendant nous rapprocher d'une destination située rigoureusement 200 km à l'est. Par-dessus le marché nous nous étions éloignés des grandes routes... Dans ce pays-là on ne se moque pas du monde en prétendant que l'hypoténuse est le plus court des trois cotés du triangle rectangle...

Nous avons aussi eu (Ai-je rêvé? Suis-je le seul à avoir eu cette impression?) un accompagnateur nous enjoignant avec hauteur et morgue de mettre nos télescopes en soute, pour ensuite l'entendre rétorquer avec justesse et délicatesse n'être en rien responsable des dégâts des transports aériens. Car deux de nos télescopes, sur les quatre mis en soute plus ou moins de force, ont été lourdement endommagés par des bagagistes sans doute trop précautionneux. Les autres télescopes étaient en cabine. Ceux-là auraient aussi bien pu y être, par exemple sous les sièges. Mais la fatigue commençait sérieusement à limiter nos facultés de résistances aux assauts d'altruisme et d'organisation de cet accompagnateur.

Ce qui reste du voyage en lui-même  :

Dans cette mésaventure, ce qui a le plus de mal à s'estomper, c'est avant tout le voyagiste qui ne nous a pas dit qu'il ne pouvait pas satisfaire nos demandes. Nous serions venus avec moins de matériel pour la nuit et plus pour l'éclipse. Le bilan eu été bien meilleur...

Notez bien qu'un autre groupe, composé d'amateurs de vulcanologie, venait pour voir un beau volcan fort peu connu (Voir la superbe caldeira du Waw-an-Namus avec ses lacs au milieu des scories noirs ci-contre). Ils y sont passés deux fois. Comme nous. Mais on ne leur a jamais fourni le loisir de le visiter. Nous si ! Eux aussi ont probablement envie de tourner la page. Heureusement qu'il y a eu une belle éclipse et un très beau désert !

Ma pomme devant le volcan Waw an Namus.
La carte du bout du voyage: Volcan Waw an Namus et Point d'observation.

La carte du bout du voyage : Le volcan Waw-an-Namus et le point d'observation espéré (10h16 TU).

Les petits récepteurs GPS font merveilles lors de ce genre de voyage. Nous en avions deux. C'était nécessaire.

L'expérience montre aussi que nous aurions mieux fait d'avoir nos propres moyens radio. J'avais failli emporter des radios de vole à voile. Et après coup je pense qu'il fallait bien deux radios et aussi un téléphone satellite.

Ci-joint la photo satellite de Google-Earth (Voir sur http://earth.google.com) utilisée pour reporter les lignes d'éclipse. Il y a des différences selon les sources astronomiques et les référentiels GPS. On a reporté dessus le relevé GPS (heures TU) lors du trajet nocturne d'approche.

On trouve déjà sur Google le trajet des prochaines éclipses. Le prochain voyage, on l'organisera nous-même, on ne passera pas une minute à causer dans le vide, on profitera du voyage, on pourra faire de l'astronomie, ce sera le 1er août 2008 en Sibérie ou à l'entrée de la Mongolie dans le grand Altaï, le 22 juillet 2009 à Shanghai ou sur l'île d'Akuseki au Japon, le 11 juillet 2010 entre Makemo et Marokau dans l'archipel des Touamotou.

La carte du bout du voyage: Volcan Waw an Namus et Point d'observation.

Le Soleil dans l'infrarouge lointain

Comme j'emportais du matériel pour observer la nuit (comme prévu...), j'avais limité le matériel pour l'éclipse (hélas). Donc pas de chapelet, pas de fish-eye, pas de photographie des planètes pendant la totalité, pas de vues au téléobjectif comme lors de toutes mes précédentes éclipses.

Le Strock-250 utilisé lors de l'éclipse

Outre l'observation visuelle de la totalité avec le Strock-250 (un pur ravissement...), j'ai observé l'arrivée de l'ombre de la Lune, et les ombres volantes. Mais c'est la luminosité du ciel au bleu très métallique, et l'étendu de la couronne qui m'ont le plus surpris.

Pour l'amusement, j'ai fait une photographie thermique du Soleil en phase partiel. Pour réussir ce type de cliché il faut une émulsion sensible dans l'infrarouge lointain... Il suffit de la placer au foyer d'un grille saucisse de voyage...

La photographie thermique du Soleil.

La polarisation de la couronne solaire

J'avais entendu parlé de la polarisation de la couronne solaire. Voir les divers sites sur le sujet et en particulier ceux sur l'éclipse de 1999 : Le site presque professionnel de l'amateur de Cyril Cavadore

http://www.astrosurf.com/cavadore/Eclipse99/Eclipse99.html

et l'analyse assez scientifique par Frédéric Baudin et Serge Koutchmy

http://lamap.handsbrain.com/html/00/scientif.htm


Le montage au papier collant.

Pour la polarisation de la couronne j'avais juste un petit APN (Type SONY DSC-W12) réglé en manuel et à l'infini, une bonne paire de jumelle Perl Escape 10x50 grand champ et un filtre polarisant d'appareil photo. L'APN était fixé avec du papier collant sur l'œilleton des jumelles. Le filtre était fixé de la même manière à l'avant des jumelles. Le tout était posé sur une petite planchette équatoriale.

J'avais vérifié qu'il n'y avait aucun reflet parasite dans les optiques. Mais je n'avais pas trouvé un moyen sur et précis de faire la mise au point.

La prise de note en cours de manip.

Voici la planche des photographies obtenues lors de l'éclipse. Le filtre est orienté verticalement sur la première ligne. Il est ensuite tourné de 45° (vers la gauche) pour passer de ligne en ligne. Les temps de pause de gauche à droite sont 320°, 80° et 15°. F/D2,8 et 400 ASA.

On observe que, très probablement, toute la lumière de la couronne n'est pas polarisée. Mais il faut aussi considérer que le filtre n'a pas une bande passante absolument étroite. Les vues de la planche ont été accentuées pour rendre plus lisibles les extensions de chaque cas. Et on observe des différences distinctes selon l'angle du filtre.

Planche de toutes les vues originelles (légèrement accentuées)

L'addition de photographies prises à plusieurs temps de pause est un poil difficile à définir mathématiquement. Il faut recentrer les images l'une par rapport à l'autre, choisir le meilleur contraste, filtrer la variation (basse fréquence) de la luminosité de la couronne selon la distance au Soleil tout en gardant les variations (haute fréquence) signant les fins détails de la couronne. Transformer tout ça en clic de souris dans un logiciel fait pour satisfaire les acheteurs de logiciel est un second défi.

Les photos sont ainsi traitées :
-1- Multiplication par deux du nombre de pixels en X et en Y avec lissage bi cubique entre deux pixels.
-2- Passage en format tiff.
-3- Centrage des deux temps de pause longs sur le plus court (à la main avec une fonction de différence).
-4- Moyenne des trois images (sur chaque angle du filtre).
-5- Correction des pentes de la moyenne par une courbe de réponse: 0->0, 111->84, 191->169, 255->255.
-6- Recouvrement par 4 masques (masque flou radial sur 10°).
-7- Amélioration du contraste par compression des valeurs moyennes de 15% et gamma de 1,25.
-8- Réduction de taille de l'image d'un facteur 4 en X et Y avec lissage bicubique.
-9- Passage en format Jpeg compressé 10%.

Polarisant à 12 heure. Polarisant à 12 heure.
Polarisant à 12 heure. Polarisant à 12 heure.

Le résultat met en évidence un défaut de netteté et un manque de contraste. Est-ce la mise au point, les vibrations du montage, le mouvement du Soleil, la résolution de l'optique, un effet de l'IR non filtré ? Aussi, l'ensemble ne rend pas les extensions formidables de la couronne vue à l'œil nu. Le temps de pause augmenté d'un facteur 4 entre les extrêmes n'est pas encore suffisant. Il faudra s'améliorer pour la prochaine.

On observe l'effet du filtre surtout en comparant deux vues prises à 90°.

Mais l'animation gif ci-contre permet de mieux sentir cet effet. Le filtre tourne. Pour cette animation le contraste a été un peu forcé. Taille de l'animation: 663 ko.

Je trouve que cette animation met bien en évidence des différences entre le sens de la polarisation et la position du filtre pour certaines excroissances de la couronne. Comme si la polarisation n'était pas complètement radiale par endroits. Sujet à piocher...

Animation de la couronne en lumière polarisée (accentuée)

La couronne dans son ensemble.

Je n'ai pas résisté au plaisir de reconstituer une image complète de la couronne (Contraste un peu forcé sur l'icône seulement).

L'image finale 800x600 est obtenue à partir des images de l'étape 6 précédente :
-7'- Moyenne des quatre images sur les quatre angles.
-8'- Amélioration du contraste par compression des valeurs moyennes de 10% et gamma de 1,50.
-9'- Recouvrement par 2 masques (masque flou radial sur 10°).
-10'- Réduction de taille de l'image d'un facteur 2 en X et Y avec lissage bicubique.
-11'- Ajout d'un disque noir sur le Soleil
-12'- Passage en format Jpeg compressé 10%.

Le plus amusant et peut-être le plus exploitable consiste à mettre une couleur sur chaque vue polarisée puis les additionner. Il faut s'arranger pour que la somme des quatre couleurs donne du blanc, c'est la seule contrainte.

L'image finale 800x600 est obtenue à partir des images de l'étape 6 précédente :
-7"- Attribution des teintes 32, 96, 160 et 224 à chaque photo avec saturation 255 et luminosité 64 .
-8"- Somme des quatre images (et non pas moyenne!).
-9"- Recouvrement par 4 masques (flou radial sur 10°).
-10"- Augmentation de la saturation de 60% et baisse de la luminosité de 20% (réduction du fond).
-11"- Ajout d'un disque noir sur le Soleil
-12"- Passage en format Jpeg compressé 10%.

Les contrastes et saturations de l'image finale semblent exagérés, mais ils mettent bien en valeur chaque extension de la couronne.

La polarisation de la couronne mise en évidence par des couleurs


Le climat lors de l'éclipse

Le relevé du climat pendant l'éclipse.

J'ai souhaité refaire le relevé des variations de la température et de l'humidité de l'air au cours de l'éclipse. On peut escompter que la température varie directement selon l'ensoleillement. L'humidité relative doit varier inversement à la température si l'humidité absolue est constante.

Le relevé a été fait avec l'appareil posé au sol à l'ombre d'une valise. L'ensoleillement a été relevé avec un posemètre photographique sur une feuille de papier blanc fixée verticalement face au sud. Les relevés ont été effectués avec l'aimable collaboration de Frédéric et Isabelle.

On observe bien la concordance des variations d'éclairement, de température et d'humidité relative. Mais la forme des variations semble différente. Peut-être que la précision du degré en température et du pour-cent en humidité relative n'est pas suffisante. Il faudra un appareil plus performant pour la prochaine éclipse.

Pour cette éclipse, la température au sol et à l'ombre est passée de 22°C à 17°C en une heure, pour remonter à 23°C ensuite. L'humidité relative est passée inversement de 25% à 30%, pour redescendre à 23%.

Couverture nuageuse: Néant sur tout le ciel.


Ce qui reste d'un voyage spécifié pour l'astronomie

Le premier bivouac sous les étoiles.

J'étais parti avec un kit photo-astro minimale comme l'explique si bien Valérie DESNOUX (Voir la page du site de Valérie DESNOUX). Mais je n'ai réussi à utiliser que quelques-unes des piles que j'avais prévues d'user au cours d'innombrables pauses nocturnes. Maigre butin.

Sur la photo de l'horizon sud à 18:23TU, éclairés par les étoiles, les traces des 4x4 dans le sable, les tantes des copains installées un peu plus loin, et beaucoup d'étoiles au-dessus: Canopus de la Carène à droite, la Poupe au-dessus et toute la Voile au centre. Mais la photo, même retravaillée, n'est pas très bonne...

Une des observations parmi les plus saisissantes fut la lumière zodiacale: Puissante, verticale et très haute dans le ciel. Elle interdisait toute observation du ciel profond sur l'horizon ouest. Heureusement nos sujets d'intérêt étaient plutôt au zénith et au sud. Sur la photo, l'horizon est juste en bas et les Pléiades sont à 35° au-dessus.

C'est un phénomène auquel il faudra penser lors de l'organisation de futurs voyages: Pas d'observation possible le matin et le soir dans la lumière zodiacale.

La puissante lumière zodiacales sous les Hyades.
Dessin de la boîte à bijoux

Hormis l'éclipse, fort réussi par notre grand horloger céleste et son compagnon météorologue, j'ai un peu profité de mon T-250 pour relever quelques défis. Bien que la boîte à bijoux de la Croix du sud ne culmine qu'à 4 degrés au-dessus de l'horizon, je l'ai croquée. Mais il y manque les doubles et les couleurs... Trop bas sur l'horizon, tout de même !

Le Strock-250 sous la Lune dans les dunes d'Ougari

J'ai aussi accroché six étoiles dans le trapèze d'Orion. Et avec des couleurs... Par comparaison, elles étaient nettes et piquées dans tous nos T-250 et très indistinctes dans le Dobson-400. Son miroir n'est pas aussi bon que ça.

Ce dessin n'arrive certes pas à la cheville de celui de Serge Vieillard (Voir sur le site de Magnitude 78 dans les liens http://www.astrosurf.org/magnitude78/).

Mais avec seulement 6 dessins pour 10 jours de voyage, c'est le plus faible rendement de tous les voyages astronomiques...

Détail du trapèze d'Orion au T-250

Articles  Observations  Bibliothèque  Traductions  Liens

Accueil  Astronomie  Plan du site  Courriel  Livre d'or

- http://strock pi r2 3 14159 free fr -   - Site Internet de Pierre STROCK -    - Libye 2006 -   - 15 décembre 2006 -