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La taille des miroirs

Cette page est la recopie de la page du site du club MAGNITUDE 78 qui relate quelques étapes de la découverte du beau métier de l'opticien par quatres des membres du club MAGNITUDE 78.

Nous sommes 4 à avoir décidé de tailler nos miroirs nous même, pour le plaisir de faire et de comprendre.

La tache est délicate, mais ensemble, nous nous soutiendrons et trouverons les bonnes solutions. Nous avons commandé chez ASTAM les kits de miroir, qui contiennent les disques de verre et de Pyrex, les abrasifs, la poix et la caissette de transport. C'est assurément la formule la plus économique.

Chacun de nous a réalisé son poste de travail et quelques-uns, leurs appareils de Foucault. Nous attendons la livraison de nos kits avec impatience. Pendant ce temps, nous nous imprégnons des ouvrages traitant du sujet, avec en tête l'incontournable TEXERAU, mais aussi le livre de LECLEIRE regorgeant de détails pratiques et celui des Canadiens Pagé et trottier.

Le principe de taille d'un miroir est remarquable par la simplicité de mise en œuvre : il suffit de frotter régulièrement 2 disques en verre l'un sur l'autre en y interposant des abrasifs. Ainsi, celui du dessus aura tendance à devenir concave et deviendra un beau miroir, tandis que, réciproquement, celui du dessous se bombera et jouera le rôle d'outil. Ensuite, il faut polir ce bel objet avec amour pour obtenir une pièce optique d'une précision de l'ordre de quelques centième de microns. Enfin, la touche finale est apportée par la parabolisation de la surface. Pour plus de précisions, consultez les innombrables sites qui traitent du sujet.

Le chantier

Enfin, nous avons reçu le matériel nécessaire. Sans attendre, nous nous sommes mis à la tâche. Désormais, nous faisons partie de la grande confrérie des tailleurs de verre et pendant les longues heures où nous poussons le Pyrex sur les abrasifs, nous avons une pensée pour cette communauté particulière. Mine de rien, il faut dépenser une énergie soutenue pour usiner le verre et nos épaules sont quelque peu endolories ! Mais avec l'entraînement, nous gagnons en endurance.

A grands coups de carbo de 36 et des courses bord sur centre, miroir dessus, il nous faut environs 6 heures pour atteindre une flèche de 3 mm. De nombreuses heures seront nécessaires pour faire un beau réunissage au carbo de 80 et supprimer le cordon intact en périphérie du miroir. La flèche finale est de 3,25 mm, ce qui nous donne une focale de 1,25m.

première séchée

résultat après quelques séchées

Je vous propose de suivre le récit de cette aventure par des extraits des nombreux mails que nous nous sommes échangés en cours de travail.


L'ébauche

Pierre, le 20/12/03.

Ça taille dur ! Après la démonstration de vendredi soir, il nous chauffait de commencer à tailler le verre sérieusement. Serge a commencé dès ce matin et il a déjà descendu plus de deux millimètres et demi. J'en suis moi-même à un millimètre un tiers après environ une heure et demie de travail. Brigitte brûle de monter sa table et de mettre une bâche sur la moquette pour commencer demain à huit heures justes. On attend des nouvelles de Gilles.
Un deuxième feu vient de prendre dans Magnitude 78. Les pompiers sont débordés, ça chauffe de partout ! Au sens propre, il fait chaud lorsque l'on taille du verre. Il faut travailler en débardeur avec une bonne orangeade.
Voici deux trucs à retenir qui facilitent la vie du tailleur de verre.
Saviez-vous que la mousse est un truc génial ! Étalez donc dix à vingt centimètres cubes de mousse de liquide vaisselle sur le carbo de 36 avant de tailler. Cela fait durer la séchée deux à trois fois plus longtemps. J'utilise une bouteille de liquide vaisselle avec un doigt de liquide et trois d'eau. En l'agitant bouchon fermé, elle se remplie de mousse. Il ne reste plus qu'à ouvrir et, astuce des astuces, sans incliner la bouteille, en faire gicler un boudin de mousse au-dessus de l'outil. C'est top.
Le tapis de douche est un truc tout aussi génial. Outre qu'il protège le miroir d'un choc sur le bac de douche lorsque je le nettoie ; il fait aussi adhérer l'outil sur le plan de travail. J'avais remarqué sur le site de M Lecleire qu'il n'y avait pas toujours de cale autour de son miroir, mais qu'il semblait y avoir un tapis granuleux aux décors de basse extraction sous l'outil. J'ai essayé afin d'éviter les trois cales de fixation qui sont fort gênantes à chaque nettoyage. J'ai trouvé pour cela que le tapis anti-glissement de marque Rubson (assez hors de prix et vendu au rayon plastique adhésif des bricocasto) marchait très bien. Essayez donc.

Brigitte, le 21/12/03.

Un petit coup de pierre à chanfrein sur l'outil, un autre sur le disque et je me lance. Les 5 premières séchées, je teste, j'observe, je compte les allers retours, je n'oublie pas de tourner et de faire tourner le miroir, j'écoute, je sens avec le nez (et oui, il y a de l'odeur), je sens avec les mains, drôle de sensation ces petits grains de carbo qui éclatent sous la pression, qui deviennent poudre de plus en plus fine, qui s'étalent comme une galette de riz, et tout à coup changement de bruit. Du crissement aigu on arrive à quelque chose de plus grave et de plus régulier. On comprend vite que la séchée est terminée et qu'il faut recommencer. Au bout de 10 séchées, 1 h s'est écoulée. Je ne résiste pas à la tentation de mesurer pour voir si déjà quelque chose se manifeste. Alors là, surprise. Il y a déjà un creux vers le centre du miroir. Un petit jour plus creux au centre et de plus en plus ténu à mesure que je regarde vers les bords. OK, on recommence. 10 séchées plus tard, en un peu moins d'une heure ce coup-ci, re-mesure : 1.5 mm de flèche. Ouais, ben ça marche ce truc là. C'est même plutôt rigolot.

Le 27/12/03

Et bien voilà, je suis à 3 mm de flèche. Temps mis pour en arriver là : 7h à raison de 10 séchées par heure. Bon c'est sûrement moins rapide que pour Serge, mais je pars avec un handicap : Je n'exerce sûrement pas la même pression qu'un tailleur de sexe masculin, et pourtant j'en ai aussi des petits muscles... Pour être plus sérieuse, après avoir lu les messages de Serge, surtout les passages concernant le cordon à éliminer au réunissage, j'ai alterné les courses comme décrit dans mon mail précédent -courses droites et courses allers retours - et en effet le cordon a déjà commencé sérieusement à s'atténuer. Par contre le travail est un peu plus long, on creuse moins vite pour obtenir la flèche. Je vais donc commencer le réunissage comme décrit dans le livre de JM Lecleire en finissant mon carbo 36 (il m'en reste à peu près 200 g). Ensuite grand nettoyage pour passer au carbo de 80. Par contre le conseil de mouiller le carbo dans un pot avant de l'étaler c'est bien plus pratique et bien moins crado au travail. Amusez-vous à regarder la surface de votre miroir avec une loupe, c'est hallucinant !! et ça donne une idée plus précise du taf qu'il reste à faire pour obtenir quelque chose de lisse. Le cordon aussi vaut le coup d'être vu de plus près : il n'est fait que de rayures de toutes sortes.

Serge, le 21/12/03.

Ya eu d'la limaille de verre c'week-end ! J'ai les épaules en coton... Voilà, j'ai achevé le creusage en 6h1>5 avec des courses bords sur centre et j'obtiens une flèche de 3 mm (pour 3,2 au final).
Quand changer d’abrasifs ?
Pour le C36, on s’arrête à 0.2mm environ. À savoir qu’à ce moment, la mesure de la flèche n’est pas une science exacte et cela pour 2 raisons : la surface est très irrégulière et surtout, le disque de Pyrex l’est tout autant ! Explication : ce matériau est obtenu par laminage à chaud, ce qui explique les petites vagues sur les surfaces. L’épaisseur et le parallélisme ne sont pas très précis. Pour ma part, j’ai mesuré une cote de 28.5 +/- 0.5 ce qui est fort. Cela explique aussi que la couronne qui n’est pas encore attaquée par l’abrasif à ce moment peut avoir une forme bizarre.
Pour le changement des autres abrasifs, il faut remplir la condition d’avoir fait disparaître la totalité les piqûres de l’abrasif précédent, que l’état de surface soit bien uniforme et ça se chiffre non pas trop en temps, mais plutôt en nombre de séchées, à savoir 20 à 30 séchées pour le C80 et seulement 4 à 10 séchées pour le W6 au final. Au moindre doute, plutôt en faire plus que moins.
Oui mais alors, c’est quoi une " bonne " séchée ?
Voila une bonne partie du secret ! si ça parait évident au C 36 et au creusage, ça devient moins flagrant avec les abrasifs plus fins. Dans tous les cas, c’est un usinage de 3 à 5 mn MAXIMUM ! Après, ça ne sert à rien, il n’y a plus de rendement. Le rendement, nous y voila. Pour y parvenir, il faut la bonne quantité d’abrasif et d’eau (visiblement, j’ai usé bien trop de C36 au creusage). Voici la recette : vous mettez du carbo dans un pot type yaourt, et vous y mettez de l’eau jusqu’à ce qu’elle arrive à fleur de la poudre. Avantage, ça ne s’éparpille plus partout. Vous lavez les disques sous l’eau et les essuyez juste d’un revers de main, c’est tout ! On mets un des disques sur le poste et on dépose la valeur d’une petite cuillère à café de carbo mouillé en l’étalant très vaguement (je dessine juste une croix). À ce moment, il y a juste ce qu’il faut de carbo et d’eau ! Magique non ? S'il y a trop de Carbo, il s’use sur lui-même et on en perd beaucoup, c’est ce que j’ai fait au creusage. Ensuite, on répartit le mélange en faisant tourner plusieurs fois le disque supérieur sur l’autre et on attaque vaillamment. La aussi, petit détail, il faut appuyer dessus fortement, cette force diminuera à chaque changement d’abrasif pour n’être plus que le poids du miroir au W6. Je vous assure que comme ça, ça ne fait pas semblant ! Ainsi, le mélange de boue s’étale parfaitement sur la totalité de la surface usinée, gage d’une belle sphère en cours d’ élaboration.
Autre conseil, il faut dépolir le dos du miroir.
Et oui, il ne faut pas garder la belle transparence et ce, pour plusieurs raisons. 1- Le plus gênant sera au Foucaultage en créant des reflets parasites très "chiants" ! 2- le disque glisse sous les mains. 3- la planéité de la surface d’appuis sur le poste n’est pas respectée au dos, malgré les molletons interposés, ce qui sera pénalisant pour la précision du polissage. 4 – enfin, il parait que c’est plus beau ainsi, comme quoi, les goûts et les c…… Bref, il faut dépolir les dos.

Gilles, le 06/01/04.

Bonne année à tous ! On a du bol pour notre télescope : Ca en être une bissextile année une fois ! : une journée de plus pour le faire !
La taille du miroir a commencé comme prévu début 2004. La flèche est atteinte et oscille un peu au gré des séchées. Pour l'instant, pas de problèmes notables (évidemment, je regarde les autres qui sont avant moi !) Les bords se sont usés tout doucement. Au début du réunissage, j'avais un creux au centre (ça s'appelle une mouche ?) Il a quasiment disparu. Le sphéromètre est un outil génial (j'ai fait un diamètre 240). La flèche bouge de quelques centièmes autour des 2,88mm : magiques.
Quand changer d'émeri ? Quand y'en a plus ! J’ai épuisé le carbo 36 au cours du réunissage alors je continue au carbo 80. une petite vingtaine de séchées déjà. Une question quand même : quand considère-t-on que les surfaces sont bonnes durant le réunissage ? J'ai essayé des traits de feutres sur le miroir mais le grain du dépoli est trop gros pour que ça parte en frottant. J'ai aussi mouillé pour voir s'il y a des bulles... c'est un peu aléatoire. En attendant, je fais des W et des 8 (je faisais des infinis mais le 8 a une fin lui ! Alors que l'infini... ) miroir dessus, dessous suivant les humeurs Quand aux "piqûres"... j'ai pas les yeux assez bons pour les voir. Faut regarder avec un oculaire ?

Le 08/01/04

Y'a une chose qui n'est pas écrite dans les manuels de taille de miroir : C'est que le carbo de 80 abrase... aussi les mains ! J'ai quelques doigts qui frisent les urgences... alors j'ai mis un gant fin. Mais je ne sens plus le verre sous les mains. Damned, il faut attendre que la peau s'épaississe !
Ah une dernière chose : Les piqûres... Je les ai vues, j'ai frottu, elles sont partues !
Et une question (faut toujours en poser une) : faut-il aussi se faire tondre les cheveux quand on change d'émeri... au cas où y'ait des grains qui soient restés dedans ?

Pierre, Réponse

Oui, j'ai eu le même problème pour mes peaux de doigts. Le sang perlait par tout un tas de petits trous. J'ai fini avec des pansements partout. Passe donc un coup de 120 (2 séchées) sur le dos de ton miroir et de ton outil. Ça a l'air d'avoir disparu !
Pour les tifs, c'est obligatoire. Tu verras vendredi que Serge n'en a plus un.

Le doucissage

Serge, le 30/12/03.

J'ai les biscottots en béton ! Je dois en être à 18 h de travail sur le verre et en suis à la phase de doucissage avec le W1. Un bonheur... La surface devient très douce au toucher, l'abrasif (de couleur brune) se répand tout de suite uniformément entre les 2 disques de verre et on ne sent plus de points durs. J'utilise principalement les courses en "infini" préconisées par M. ASTAM et ça a l'air d'être bien régulier ainsi. Il me reste encore quelques traces de piqûres de l'abrasif précédent, je vais donc en remettre pour 1 h supplémentaire avant de passer au W2. À ce moment, je ne serai plus bien loin de la fin de l'usinage.

Le 31/12/03

Punaise, j'ai l'dos en compote ! J'en vois l'bout ! J’en suis à 27h30 de travail effectif............. Et j'attaque le dernier abrasif, le W6. La surface est d'une douceur incomparable. Au fur et à mesure des changements de grade, ça inspirait de la peau de fesse, puis de la peau de bébé. Maintenant, c'est de la peau d'ange !!! Je vais gratter le disque pendant encore une bonne heure et ensuite, je rentre dans le monde du polissage, de la poix et de l'oxyde de cérium... Émotion...
Bon, dans l'ensemble, pas de problème si ce n'est la longueur du travail. Toutefois, je mets en garde les tailleurs sur un point : la disparition des piqûres. Au début, on n'y fait pas trop attention, tout est bien défoncé. Mais avec le corindon, ça s'affine déjà pas mal. C'est là que j'ai pas prêté trop attention à ce détail, j'ai passé les 2 grains en 5 h, ce qui me paraissait suffisant. Quand vient le W1, le grain s'affine franchement et maintenant, on voit bien le fond des piqûres. Dur, dur. Ca s'en va avec le temps, on est content, puis on regarde par hasard à la périphérie, et là, bingo, il y en a encore plein, un peu à l'image du maudit cordon qui prend bien du temps à s'en aller. J'en suis venu à bout en 3h1>5 de W1. Avec un peu d'attention, j'aurais du passer ces 3 h avec le C120, ça aurait été sûrement plus rentable par la suite. Ensuite, ce n'est qu'une question de patience. Pour voir ces micro piqûres, j'utilise une loupe bino qui grossit confortablement 20x. C'est sur qu'avec ça, c'est un juge impartial. Allez, bonne année, et abusez bien sur les bulles !!

Gilles, le 12/01/04.

Que d’émotions quand on taille ! Pas besoin de bourrées auvergnates pour rester éveillé !!! Bon, si ça peut aider et pour que ça me serve quand je taillerai un original brand strock-450 :
D’abord, l’oculaire de 20 que j’ai emprunté au club m’a montré les limites de l’œil nu quand on est au W1... Moi qui croyais avoir évacué la plupart des piqûres en y regardant d’un œil attentif derrière une loupe, je me trompais… Un champ de mines le miroir, que dis-je, un cataclysme, ou la surface lunaire…. Des trous partout...
N’écoutant que mon grand courage, je me suis remis à table (pas la bouffe ni la PJ, la table de taille) et me suis fait des séchées de W1 :
5 séchées, pas de progrès. Encore 5, euh pas de progrès. Encore 5, ça vient mais faut y croire. Encore 5... faut croire même à ce qu’on ne voit pas ! Encore 5... croire ou ne pas croire... telle est la question. Je me fais une assemblée générale avec moi-même pour prendre une décision : continuer (mais alors, le reste de poudre W1 ne permettra plus de retour arrière) ou repasser au carbo…) Je vote : carbo zéro voix, continuer 1 voix ! on continue. Encore 5… ça diminue peut être... mais en regardant le miroir : une écaille sur la tranche… bon, je chanfreinise, je polis la tranche et on continue, tout en me disant que j’aurai un miroir personnalisé : on ne pourra plus me le piquer (c’est le mot ) il est tatoué ! Encore 5 : j’y crois : ça diminue. Bon 8 d’affilées Na : Plus de piqures !!!! On finit le W1 : 2 séchées…. Je me couche parce qu’il faut se lever demain et si on n’est pas couché, on ne peut pas se lever, cqfd.
46 séchées de W1 !!!! moralité : rester au carbo plus longtemps et avoir une bonne loupe ! Mais c’est pas fini !
A l’aube, je m’aperçois qu’il y a encore une autre écaille !!! Bon, je refais un chanfrein d’enfer !!! Mais ce faisant, il crée des petits éclats sur les bords (à la loupe) (moralité, faire un chanfrein d’enfer avant de passer au w1). Bon, je passe de l’émeri 180 (sur bande adhésive, provenant de l’excellent et bien nommé magasin " l’éclat de verre ", damned ) sur les bords du chanfrein. Ca me fera un miroir de 254 et des poussières (sans éclat) au lieu de 255 !
Et le moral revient : c’est tout clean, la flèche est impeccable, les bords sont bien ronds. Je passe au W2 après avoir désinfecté tout sauf mes cheveux...

Serge, réponse.

À propos des piqûres.
Je crois qu'il faut faire une différence essentielle : celles qui sont dues au précédent émeri et celles là, il faut les user, et celles générées par l'émeri en cours, et donc inévitables, il faut dans ce cas changer d'émeri sans se poser de question. Gaffe donc, si on ne veut pas y passer sa vie, la bonne solution n'étant certainement pas d'épuiser les abrasifs dans le doute... Encore une fois, c'est déjà suffisamment long comme ça.

Brigitte, le 31/01/04.

Que faire par un jour où le ciel nous balance toutes ces mauvaises humeurs sur la tête ? Gratter, gratter, gratter... 25 séchées de 8 mn chacune au W1, j'ai les épaules ratatinées. Résultat : j'ai décoincé la bulle. J'avais remarqué au début du travail au w1 qu'une bulle se formait au centre du miroir. Après en avoir un peu discuté hier soir avec Serge, et repris nos bibles du moment, j'ai commencé par faire quelques courses sans répandre de mousse, et là j'ai bien pu mesurer l'ampleur du phénomène. Non seulement je bullais au centre, mais en plus l'émeri n'allait pas jusqu'au bord de celui qui se trouvait dessous (outil ou miroir). J'ai raccourci un peu l'amplitude de mes courses en w et voilà le travail, j'ai décoincé la bulle et en plus l'émeri se répand comme du beurre mou sur toute la surface des disques. Du coup, j'ai pour l'instant abandonné l'utilisation de la mousse, car la finesse du w1 se suffit à elle-même pour se répandre. Par contre, j'ai imité Gilles dans la personnalisation de son miroir. En séparant le miroir de l'outil à la fin d'une séchée, j'ai entendu un bruit qui ne trompe pas : "klllllliiiiinnnnnkk" et là je peux vous dire que rien qu'avec le bruit on a compris tout de suite. Ensuite on s'empresse de passer un coup d'eau sur la surface pour regarder l'étendue des dégâts. Une écaille, heureusement pas sur la surface du miroir, sur le côté elle est grosse comme l'ongle du petit doigt, elle grignote à peine le chanfrein. Pas trop de bobo, juste une bonne engueulade que je me suis passée, j'étais pas contente mais ça m'apprendra à avoir des moments d'inattention pendant un travail aussi sérieux. Ben oui, je dois l'avouer, je pratiquais 2 activités en même temps : gratter et parler, quelle ineptie !!! Après la dernière séchée pour ce jour, j'ai scruté la surface du miroir à l'oculaire de 25 mm. Ce que j'y vois est une surface presque uniforme, mais il y a encore quelques piqûres. Je me laisse le temps de faire encore quelques séchées en surveillant l'évolution des piqûres, et après je verrai si le passage au w2 est envisageable. Par contre j'ai fait le test de la lampe au-dessus du miroir, et je vois maintenant le filament rouge de la lampe se refléter sur le miroir.

Pierre, le 28/01/04.

J'en ai fini avec l'abrasif 180. Et j'en ai utilisé moins de la moitié ! Hier, en 5 séchées dessous et 5 dessous, de 5 minutes chacune, j'avais ratatiné toutes les piqûres soigneusement repérées au début. Mais il y en avait une nouvelle très grosse : 2,5 dixièmes de millimètres ! Alors ce soir, en 3 dessus et 2 dessous je l'ai presque eu. Ce qui reste sera pour le grain suivant car le résidu a la taille des plus grosses piqûres du 180. J'ai refait des chanfreins de 2,2 à 2,7 mm de large. J'espère que c'est la dernière fois que je les fais. C'est réellement ce qu'il y a de plus difficile. Pour tout dire cela ressemble à s'y méprendre à une activité sportive. Ce que je réprouve comme il se doit.

Le 01/02/04.

J'arrive au bout des abrasifs.
Samedi, j'ai repris pour une petite heure et 4 séchées le W1. Il me semblait que des fonds de piqûres de 180 restaient.
Samedi après midi, j'attaque au W2. Deux séchées sur le dos, nettoyage et je ne sais combien de séchées, mais cela a pris une heure et demie. Le contrôle permet de détecter deux nouvelles piqûres de un à deux dixièmes de millimètre. Je fais une demi-heure de sécurité en 4 séchées. J'ai encore consommé moins de la moitié du W2.
J'attaque le W3. Même stratégie : Repérage des piqûres, dos, 6 séchées (45 min), contrôle. Il reste deux fonds de piqûres du début. Dimanche matin, 6 séchées (45 min.) de sécurité au W3 pour les fonds de piqûres du soir. Il n'y a qu'un petit reste. J'ai encore consommé moins de la moitié du W3.
Je passe la sieste à tenter d'affiner mon chanfrein au papier de verre 400. Puis W4 : Repérage des piqûres, dos, 6 séchées (45 min.), contrôle. Plus une trace sauf le fond de piqûre, le même ! Mais je repère une écaille sourde sur le bord du chanfrein. Elle est dirigée vers l'intérieur du miroir. Pas question de prendre un risque, je repasse la pierre à carbo pour agrandir le chanfrein à cet endroit.
À l'heure du goûter, je passe au W6. Après une demi-heure, je contrôle et je découvre une rayure, un chapelet de piqûre -une rayure étalée en somme- et le fond de piqûre à la .... Dégoûté, je sors jouer au boomerang. Au retour, 7 séchées au W6 et 40 minutes de labeur. Toujours un chapelet et la rayure. Il va falloir jeter le miroir et recommencer avec un neuf. Bon, on mange, on picole et on réfléchit dans de bonnes conditions. Les efforts physiques ça ne vaut rien pour réfléchir.

Le 03/02/04.

J'arrête le W6 et le doucissage pour passer au polissage. Après longue réflexion (une seule car il ne me restait plus assez de vin rouge), je fais le pari suivant : le polissage peut rattraper quelques petits défauts. Car il ne faut pas me dire que les abrasifs du passé ne faisaient pas quelques petites rayures.
J'ai donc négocié de passer 3 heures de plus avec le W6 pour amaigrir mes rayures sans les faire disparaître complètement mais sans repasser au grenat plus gros du W4, sans revenir au W6 après avec le risque d'avoir encore une rayure et plus rien pour la corriger. Bon, je sais bien que c'est un peu la poule et l’œuf. Si, si j'en suis sûr. Cela a douci notablement la surface, je pense que je n'avais pas assez passé de W6. Et puis j'espère que les contrôles de début de polissage me conforteront ; sinon il faudra se reposer la même question de la poule W4 et de l’œuf qui consiste à garder un petit défaut.
Ah! L’angoisse de l'idéaliste ! Toujours prêt à dépenser toute son énergie pour tendre à la perfection ; tout en sachant qu'elle ne lui sera jamais accordée et qu'il est contraint de lâcher son idéal pour se fatiguer à négocier des imperfections.

Le polissage

Un jour...

La parabolisation

Un jour...

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